Un peu d'histoire : Marcolès
Marcolès était selon la tradition une des plus anciennes localités d’Auvergne.
C’était à la fin du IX° siècle un des « alleux » de Saint-Géraud (1), comte d’Aurillac,
une de ses possessions exemptée de toute redevance. En 1203, cette cité close était
une possession de l’abbaye d’Aurillac par suite de l’abandon de ses droits par Astorg III,
seigneur de Conros(2) à Arpajon.
Durant la guerre de Cent Ans, Marcolès et ses faubourgs auraient été saccagés
par les anglais, sauf le centre et le fort, comme l’indique son cachet moyenâgeux conservé.
Les incursions des bandes qui désolèrent la France sous le règne de Charles VI (1380-1422)
n’épargnèrent pas la cité. Suivant un titre mentionné par M. RAULHAC, il semblerait que
l’on y cultivait la vigne, car, au XVI° siècle, le prieur payait annuellement à l’abbé d’Aurillac
deux pipes de vin. Lorsqu’en 1569 on augmenta les bonnes villes du haut-pays pour porter
leur nombre de six à dix, Marcolès fut du nombre des quatre qui furent ajoutées.
Cependant, les guerres du XVI° siècle consommèrent peu à peu les ruines
de la cité close. Dès 1574 le roi ordonna au gouverneur d’Auvergne d’y
stationner une garnison de 25 soldats pour la protéger des Huguenots,
lesquels occupaient plus de vingt places fortes en Querçy. Cette
garnison fut augmentée à plusieurs reprises comme en 1590.Après avoir
résisté aux religionnaires en 1594 et cédé qu’après de nombreux
assauts, son héroïsme à défendre sa foi lui valut de voir ses habitants
gratifiés par le roi du titre envié de « bourgeois »
(5). Hector CASSES, qui commandait la garnison fut quant à lui anobli..
La cité de Marcolès avait, par là-même, gagner le droit de posséder ses propres armoiries.
Celles-ci sont visibles sur un vitrail de l’église (voir photo ci-contre) et se lisent « d’or,
à deux rinceaux de sinople passés en sautoir, au chef d’azur chargé de deux fleurs de lys d’or ».
Ces armoiries furent inspirées en partie de celles de la famille de BOISSET (6).
Malgré tous ces troubles, la ville était devenue, à cause de sa situation privilégiée sur les
chemins de grandes communications d’alors, un centre très commerçant.
Les marchands venaient nombreux, ils s’échangeaient ou vendaient les produits du haut-pays
avec ceux du Midi, comme l’indique encore l’existence de ses caves voûtées.
Il y avait à Marcolès une coutume bien particulière qui voulait que, lorsqu’un habitant désirait
édifier une maison, il pouvait prendre les pierres partout où il y en avait, moyennant
paiement au propriétaire par charretée de pierres et par dommage pouvant être occasionné.
La cité fortifiée perdit de son importance à partir de la Révolution. En 1789 le premier maire
de Marcolès s’appelait FALISSARD, il dirigeait la mairie quand arrivèrent les décrets du
4 août (11) sur l’abolition des privilèges. Il travailla et organisa des pétitions pour que Marcolès
fut chef-lieu de canton et Aurillac chef-lieu de département (7).
A partir du 28 août 1792 on le remplaça par Jean Antoine MIQUEL de Cols, considéré comme
davantage « révolutionnaire » (sic). La vente des biens ecclésiastiques se fit directement
à Marcolès à une dizaine de particuliers en une seule scéance, le 27 avril 1791,
sans incident et sans intervention de la municipalité dont la soumission du 8 août 1791
n’eut pas de suite (8). Le clocher de l’église fut détruit pendant la Révolution puis reconstruit
bien plus tard mais moins haut. Les travaux de l’église débutèrent après l’adjudication du
2 septembre 1822. Pour cette réparation M. LABORIE du bourg se chargea de la charpente,
M. FALISSARD d’extraire la tuile et de la placer, M. CAZALS d’assurer les travaux de maçonnerie (11).
Marcolès est aujourd’hui un bourg qui garde le souvenir de son glorieux passé militaire,
comme de son antique prieuré, fier aussi de son titre de gardien des reliques d’un de nos grands saints
de France « Saint-Martin de Tours ». Marcolès posséderait les reliques de Saint-Martin depuis
le XIV° siècle (9), hypothèse appuyée le 6 novembre 1901 par le procès verbal de la
scéance extraordinaire du Conseil de Fabrique de Marcolès, lequel classa la vieille statue
de Saint-Martin aussi du XIV° siècle (10). Puis le 7 octobre 1935, par arrêté du
Ministre de l’Education Nationale, la statue de Saint-Martin « statue assise avec le dos creusé,
ayant servi de reliquaire, bois XIV° siècle » était classée par les monuments historiques.
Le père CANTOURNET restaura la statue reliquaire en 1943, une initiative que l’on doit à l’abbé JARRIGE.
Geogette FALISSARD-SOSNICKI Yves MARRET Philippe GAUTREAU
(1) Saint-Géraud : né au château de Saint-Etienne à Aurillac en 856, fondateur de la ville et de son abbaye.
Il meurt en 909. Sa vie, écrite une vingtaine d'années plus tard, par Saint-Odon, d'après le témoignage
de quatre disciples du saint, le présente comme attentif aux indigents qu'il invite à sa table et sert
lui-même, comme habile guerrier sachant faire des vaincus ses amis, comme vivant dans le monde
une véritable consécration religieuse et acceptant généreusement la cécité qui le frappe à la fin de sa vie.
(2) Astorg III de Conros, homme violent, imbu de ce qu’il croyait être son droit, supportait très mal
d’être en dépendance de l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac. Malgré les promesses de ses aïeux il ne cherchait
qu’une occasion pour échapper à ses devoirs de vassal et il refusa tout net de s’incliner devant Ramnulfe.
Le conflit alla en s’aggravant. Il se prolongea et s’acheva par un acte criminel : en 1203 l’abbé de Saint-Géraud
fut assassiné par les hommes d’Astorg III. Il ne reste aucun document relatant les circonstances de ce crime,
il y a cependant une pièce du mois de juin 1203, qui est un aveu de culpabilité du seigneur de Conros.
Or dans cet acte « Astorg déclare que Dieu lui ayant fait la grâce de se repentir des dommages
et injustices qu’il a causé et particulièrement de la mort de l’abbé Ramnulfe, il fait abandon au monastère
d’Aurillac de la somme de quinze mille sols qui lui étaient dus par la ville de Marcolès… » Il s’engageait en
outre, en expiation de son pêché, à partir pour la Terre-Sainte ou se retirer dans un cloître.
Il fondait enfin une rente de cent sols, annuelle et perpétuelle, pour faire dire des messes en faveur de
Ramnulfe.cf. Chanoine E. Joubert, l’abbaye bénédictine de Saint-Géraud d’Aurillac.
(3) cf. Mgr BONANGE, Histoire de l’abbaye d’Aurillac, T1 page 123, T 2, pages 82-83
(4) Bulletin paroissial de Marcolès de janvier 1942 à mars 1946
(5) Dict. statistique du Cantal par M. DERIBIER DU CHATELET
(6) Barons, seigneurs de Boisset, de Marcolès, etc…, dont les armoiries du XV° siècle se lisent « d’or,
au chêne arraché de sinople, au chef d’azur chargé de deux fleurs de lys d’or » et dont la devise est
Altitudo Fortitudo. cf. Dictionnaire des anciennes familles de l’Auvergne, Ambroise TARDIEU.
(7) Délibération du conseil municipal en date du 27 septembre 1789 et demande adressée à l’Assemblée
Nationale le 14 février 1790 concernant le fait que Marcolès n’ait pas été considéré en canton
et rattaché au canton de Montsalvy.
(8) Suppression des communautés communales, remplacées en l’An II par une municipalité de canton :
cf. abbé DECONTHE, curé de Marcolès.
(9) D’après Mr LECOY de LA MARCHE,
(10) Etaient présents MM. d’HUMIÈRES maire, Georges de VERDELON, Georges BRONNER,
Alexis THÉRON, Philippe VALADOU, Etienne CALDAYROU et Jean GAUZENTES curé.
(11) cf. Jean Bonhoure, Marcolès aperçu historique. Les deux Falissard cités ont été identifiés :
Le premier maire de Marcolès fut Louis Falissard, né en 1774, voir des détails sur sa généalogie
en pages suivantes. Quant au Falissard ‘couvreur’ il s’agit d’un autre Louis, né en 1790 et décédé en 1869,
il se maria trois fois : 1) 1826 Marie Figeac, 2) 1838 Catherine Perthuis, 3) 1845 Marie Anne Gramond.
Il était fils de Pierre Jean Falissard et de Jeanne Taphanel.